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L'HISTOIRE DU SEL

HISTOIRE DES CHEMINS EN LANGUEDOC ET CEVENNES

Les premiers sentiers

A l'origine, les premiers sentiers suivis par l'homme sont ceux tracés par les bêtes sauvages dans leur quête de nourriture. Dès l'époque néolithique, les humains se sédentarisent et amorcent leurs propres tracés en prenant repère sur des particularités géologiques ; plus les visées choisies sont élevées et repérables à l'horizon, plus longues sont les lignes droites des sentiers.
A l'ère du Hallstatt, le sel marin extrait des étangs languedociens est déjà un produit clé de la vie domestique. Ainsi, les chemins du sel représentent probablement les plus anciens vestiges d'un trafic qui remonte à l'introduction des bêtes de somme. Des lagunes du littoral aux régions intérieures, ils desservent les populations des garrigues et celles des Cévennes suivant des tracés hérités des premiers sentiers élaborés par l'homme.

Plateau du Larzac

Flickr CC Maxime

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Fête de la transhumance à Aubrac

Flickr CC dremmwell

Les drailles

Plusieurs siècles avant notre ère, les drailles de transhumance coïncident déjà avec les sentiers d'approvisionnement en sel qui relient la côte méditerranéenne aux zones montagneuses intérieures : hébergés l'hiver, à la mi-octobre, dans les vallées abritées de l'Aveyron ou les plaines du Languedoc, les troupeaux remontent en été, autour du 25 mai, vers les zones de pâturage de l'Aubrac ou des monts de Lacaune (la transhumance des bovins est d'ailleurs toujours célébrée chaque année à Aubrac).

Les voies romaines

Durant l'Antiquité, le règne de l'Empire romain favorise l'organisation unifiée d'un vaste territoire, qui s'appuie notamment sur l'amélioration du réseau routier en Gaule. Malgré son relief difficile, le Rouergue est traversé très tôt par des axes majeurs. Ainsi, quatre grandes voies se rejoignent à Rodez et relient la ville à Lyon, Bordeaux, Toulouse et Narbonne. Cette dernière, la plus importante, passe par Millau avant de rejoindre la voie domitienne, trait d'union entre l'Italie et l'Espagne. C'est sur cet axe nord-sud déjà très fréquenté que les Ruthènes transportent leurs minerais, produits de l'élevage et poteries de la Graufesenque pour les échanger contre de l'huile, du vin et du sel. Le long du pourtour méditerranéen, la voie domitienne qui assure la communication dans les pays conquis, s'ouvre quant à elle sur une multitude de chemins du sel afin d'approvisionner les terres intérieures.
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Chemin pavé, Ambrussum

Flickr CC Carole Raddato

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Château de Mélac

Flickr CC pascal rudelle

Au Moyen Age

Après le chute de l'Empire romain, les Mérovingiens s'emploient à préserver le réseau routier. Les Carolingiens en font de même : Charlemagne, fidèle à l'organisation de Rome, met à contribution des armées pour réparer les routes et impose aux habitants des localités traversées de prendre en charge les frais d'entretien des voies et de bornages, sous le contrôle des missi dominici. Ce système se maintient jusqu'au Xe siècle mais ne résiste pas à l'éclatement du pouvoir central qui s'ensuit. L'entretien des voies est dès lors délaissé. Celles-ci s'usent sous l'effet d'un trafic qui s'intensifie. Sur l'axe nord-sud tracé par les Romains, convois de mules chargés de marchandises et croisés en partance pour Jérusalem se côtoient.
Le tracé sud-nord, qui part du bas Languedoc et traverse le Rouergue en passant par le plateau du Larzac et la ville de Millau, constitue depuis des siècles un axe majeur de déplacement. Notre étude nous a permis de distinguer d'une part les sentiers hérités de la transhumance des ovins, qui forment des cheminements peu ordonnés, et d'autre part les voies plus larges, scientifiquement tracées et aménagées par les Romains afin de faciliter les échanges commerciaux et l'expansion de leur Empire. Ces dernières ont placé Rodez au centre d'un nœud routier et intensifié les échanges vers le bassin méditerranéen en passant par Millau. C'est cependant sur les drailles de transhumance, qui ont façonné le paysage agropastoral des Cévennes et créé des axes de liaison avec les basses terres du Languedoc, que naissent les premiers chemins du sel. Au Moyen Age, les caravanes muletières les empruntent, traversant montagnes, plaines et plateaux, pour fournir aux populations intérieures le précieux condiment.

Références principales :

  • Clément Pierre A., « Les chemins à travers les âges en Cévennes et Bas Languedoc », Presses du Languedoc, 1989

  • Dunoyer De Segonzac Gilbert, « Les chemins du sel », éditions Gallimard, 2002

  • Laszlo Pierre, « Chemins et savoirs du sel », éditions Fayard, 2001

  • Dossier « Archéologie du sel », www.inrap.fr

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